Les origines de la capoeira
- taotechiafrance
- 13 sept. 2024
- 3 min de lecture
La capoeira, cet art martial brésilien qui mélange combat, danse, acrobaties et musique, est aujourd'hui une pratique largement reconnue à travers le monde. Pourtant, son histoire est marquée par des controverses, des luttes et des malentendus. Issue des souffrances de l'esclavage, la capoeira est bien plus qu'un simple sport ou un art de combat. Elle représente un symbole de résistance, de ruse et de libération pour les Afro-Brésiliens. Mais son parcours, de ses racines africaines à sa réhabilitation dans la société brésilienne moderne, reste complexe et parfois controversé.
Les racines africaines : une origine incertaine
Les origines de la capoeira sont profondément enracinées dans la culture des esclaves africains déportés au Brésil par les colons portugais dès le 16e siècle. Cependant, la question de savoir d'où exactement elle provient reste débattue. Les historiens s'accordent sur le fait que la capoeira a des influences des traditions guerrières et rituelles d'Afrique de l'Ouest et de l'Angola, où les danses et les pratiques martiales étaient utilisées à des fins cérémonielles et de résistance.
Pourtant, il n'existe aucune preuve directe permettant de tracer une ligne claire entre ces pratiques africaines et la capoeira telle qu'elle s'est développée au Brésil. Certains considèrent que la capoeira est une création purement brésilienne, une réponse unique à l'oppression coloniale, tandis que d'autres insistent sur son héritage africain comme fondement essentiel.

Une pratique clandestine et criminalisée
Les esclaves ont utilisé la capoeira comme un outil de survie. Mais il ne s'agissait pas simplement d'un art de combat. Pour tromper leurs maîtres, ils dissimulaient la nature martiale de la capoeira sous les apparences d'une danse rituelle. Cette dissimulation a alimenté l'idée que la capoeira était un jeu, mais en réalité, elle était une forme de résistance subtile et intelligente.
Après l'abolition de l'esclavage en 1888, les anciens esclaves ont continué à pratiquer la capoeira dans les rues et les favelas des grandes villes, comme Salvador et Rio de Janeiro. Cependant, la capoeira a rapidement été associée à la criminalité, aux gangs de rue et à l'agitation sociale. En 1890, elle a été officiellement interdite au Brésil, et ses pratiquants, appelés capoeiristas, risquaient la prison ou pire s'ils étaient pris en train de jouer dans la roda (cercle de capoeira). Ce stigmate a contribué à renforcer l'idée que la capoeira était une activité marginale, déviante et dangereuse.

L’émergence des écoles et la légitimation
Au début du 20e siècle, alors que la capoeira restait clandestine, deux figures clés allaient jouer un rôle crucial dans sa réhabilitation : Mestre Bimba et Mestre Pastinha. Mestre Bimba, avec la création de la capoeira regional, a voulu rendre la discipline plus acceptable aux yeux du grand public et des autorités brésiliennes. Il a développé une forme plus axée sur la compétition et le combat, avec des règles strictes et une méthodologie qui pouvait être enseignée dans des académies.
Mestre Pastinha, quant à lui, a cherché à préserver la capoeira angola, la forme traditionnelle, avec ses mouvements plus lents et ses rituels plus proches des racines africaines. Ensemble, ces deux maîtres ont permis à la capoeira de sortir des marges pour devenir une forme d'expression culturelle respectée et pratiquée à travers le monde.
Une controverse culturelle : art martial ou danse ?
Une autre controverse autour de la capoeira réside dans la manière dont elle est perçue. Pour certains, la capoeira est avant tout un art martial, un jeu de ruse et de stratégie où l'on cherche à tromper son adversaire tout en maîtrisant son propre corps. D'autres insistent sur le fait que la capoeira est une danse, un rituel rythmé par le berimbau, où les mouvements sont fluides et où la coopération entre les joueurs est essentielle.
Cette ambiguïté est au cœur de la capoeira elle-même : elle est à la fois combat et danse, ruse et jeu, tradition et innovation. Cette dualité contribue à son caractère unique mais est aussi source de malentendus, notamment pour ceux qui tentent de la catégoriser dans un cadre précis.
Conclusion
La capoeira, née de la souffrance et de la résistance, a parcouru un long chemin, de ses origines esclavagistes à son statut d’art mondialement reconnu. Cependant, elle reste marquée par ses origines controversées. Quoi que ce soit, la capoeira continue d'incarner la lutte pour la liberté, la survie et l'expression culturelle.
Elle est aujourd’hui plus qu’un art martial ou une danse : elle est un langage universel, capable de transcender les frontières et de rapprocher les personnes.
Commentaires